Nouvelles paroles d'expat' avec Jean-Christophe, plus connu sous le nom d' Ytsejam pour certains :-)
Peux tu te présenter ?
Jean-Christophe, 23 ans, je suis un éternel étudiant à la recherche de mon destin ! J’ai pas mal erré dans les études, et me retrouve aujourd’hui à l’ESC Rouen, une école de management, où je prépare un mastère en management des organisations « non profit ». Mais j’essaie de ne pas me contenter de ça pour me présenter, parce que cette école me résume plutôt mal. Dans les années à venir, il faudra plutôt que je choisisse (ou pas…) entre le journalisme, l’écriture, l’humanitaire, les relations internationales, bref… Quoi qu’il en soit, il faudra que ça bouge !
Depuis quand supportes tu le HAC, comment cela est-il venu ?
C’est une grosse énigme, ça ! J’ai commencé à m’intéresser au HAC dans les années 1994-1996, quand j’avais 10-12 ans, avant de devenir complètement accro durant la saison 1997-1998, marquée par l’apogée d’un certain Vikash Dhorasoo.
Mais alors, pourquoi le HAC ?! Ayant vécu toute ma vie à Nice, l’idée peut paraître bizarre… Peut-être que, tout simplement, comme je n’aime pas faire comme les autres, je suis allé chercher le club le plus éloigné, géographiquement et « philosophiquement », de celui que supportaient tous mes potes de classe, l’inénarrable OM…
Plus probablement, il se trouve que la famille de mon père est normande (de Fécamp), et que mon enfance a été bercée par les récits de mon grand-père sur le HAC, notamment la finale de Coupe de France 1959, à laquelle il avait assisté. C’est ainsi que la légende du HAC est née pour moi. J’ai aussi été grandement aidé dans mon choix initial par le fait qu’à cette époque, l’OGC Nice était au fond du trou et passait de mafieux en mafieux… Pas très attractif…
Tu as été amené à vivre dans différents endroits, à y travailler, peux tu nous en dresser la liste et combien de temps y as-tu séjourné ? Où résides-tu aujourd'hui ?
Havrais dire, je n’ai jamais vécu au Havre ! Ce fut même un évènement (totalement fortuit, d’ailleurs), que je me retrouve à Rouen pour mes études ces dernières années ; c’était la première fois que je pouvais prendre un abonnement à Deschaseaux !
Avant ça, j’ai toujours vécu à Nice, et depuis que je suis à l’ESC Rouen, j’ai également vécu sur des périodes courtes à Paris et à Marseille pour des stages.
J’ai surtout vécu pas mal à l’étranger, même si je n’égale pas Lancelot dans ce domaine ! A l’hiver 2005 et à l’été 2007, j’ai travaillé pour le compte d’une association humanitaire dans des orphelinats au Cambodge. Puis, de septembre 2007 à janvier 2008, j’ai vécu en Corée du Sud, où je suivais des cours à la Seoul National University.
Durant ces périodes, comment faisais-tu pour suivre le HAC, te tenir au courant des résultats, de l'actualité du club ? Y'a t-il des moments où tu as "décroché" (par choix ou par obligation) ?
Jamais de décrochage, où que je fusse ! (merci Internet…) Mais mes séjours à l’étranger m’ont effectivement contraint à moult excentricités pour continuer à suivre les matchs en toutes circonstances !
J’ai souvenir d’avoir sacrifié une virée nocturne entre potes lors d’un séjour à Prague, pour, au prix d’un petit mensonge, suivre dans un cybercafé tchèque un pathétique HAC-Amiens (1-3) en ouverture de la saison 2006-2007… Egalement des évasions furtives lors de voyages en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Ecosse, pour suivre des matchs dans des cybercafés locaux.
Au tout début de mon intérêt pour les Ciel & Marine, en 1998, j’avais également fait une rencontre insolite dans un restaurant en Grèce : un des serveurs était un grand fan d’Ouzunidis, qui à l’époque jouait au HAC, et je ne sais plus comment, le gars me tenait informé de l’évolution du match à chaque fois qu’il passait à ma table…
Mais évidemment, mes meilleures aventures, je les ai connues au fin fond de l’Asie. Ou comment, les lendemains de matchs, s’éclipser discrètement de l’orphelinat où je bossais, pour tenter désespérément de trouver, en plein milieu de la cambrousse cambodgienne, une paillotte avec un ordinateur connecté à Internet (en espérant qu’il n’y ait pas de coupure de courant, ou que la connexion tienne suffisamment longtemps pour que j’atteigne la page d’accueil du site du HAC (d’Infohac, pardon !)…) La situation me paraissait assez aberrante : j’étais capable, dans un tel environnement, de me couper d’absolument tout ce qui me reliait à mon mode de vie occidental, sauf… des résultats du HAC… Etait-ce devenu une addiction ?!
Suivre le HAC en Corée du Sud lors de la brillante saison dernière fut également une grosse partie de plaisir. Là-bas, pas de problème technologique bien sûr, mais avec le décalage horaire, les matchs du HAC commençaient à 3 ou 4 heures du matin… Qu’à cela ne tienne ! Je me réveillais en pleine nuit et tentais désespérément de trouver un site pirate diffusant Eurosport, ce qui se terminait le plus souvent par regarder, avec le demi-œil que j’avais ouvert, un groupe de pixels ciel & marine courant sur un gros pixel vert, avec les commentaires de France Bleu en fond sonore…
Mais au final, jamais je n’ai dû laisser tomber ma passion. Le délai le plus long que j’aie patienté pour connaître le résultat d’un match, ce fut pour le HAC-Libourne de la saison dernière : j’étais en Corée du Nord pour 5 jours, et évidemment, de là-bas, toute communication (téléphone, Internet, radio, etc…) avec le monde extérieur est interdite… Mais seul Big Brother aura réussi à me faire renoncer !…
Le HAC est-il connu là où tu étais ?
Ni le Cambodge ni la Corée du Sud ne sont vraiment des terres de foot ! Au Cambodge, il n’y a pas de championnat national, et l’équipe nationale, faite de bric et de broc, se prend régulièrement des tôlées 5-0 ou 6-0 contre ses voisins thaïlandais ou laotiens.
En Corée du Sud, le foot rassemble beaucoup plus de monde, même si les stades de la Coupe du Monde 2002 semblent désormais bien trop grands pour le championnat national… Du coup, les infrastructures sont maintenant plus utilisées comme de gigantesques centres commerciaux / multiplexes cinéma / centres de loisirs. (Ca fait bizarre de voir dans un stade plus de filles en mini-jupes et talons hauts que de « vrais » supporters de foot !)
Bref, les Coréens, hormis leur équipe nationale, sont un peu des brêles au foot… Un match de championnat coréen ressemble plus à un combat de petits ninjas qui courent dans tous les sens comme des fous mais sans aucune stratégie. C’est donc très spectaculaire et très drôle : les défenses étant assez nulles, il y a 20 000 occasions immanquables par match, mais les attaquants étant encore plus nuls, ça se termine souvent sur des 0-0…
Enfin, je dévie un peu de la question initiale, mais tout cela pour dire que, pour toutes ces raisons, le HAC n’est absolument pas connu dans ces pays, malheureusement !
As-tu des souvenirs ou anecdotes particulières qui te reviennent sur les endroits où tu as pu porter les couleurs du HAC ?
J’avoue que je n’ai jamais porté mon maillot du HAC à l’étranger ! Non par timidité, mais parce que je n’en voyais pas vraiment l’intérêt, puisqu’on ne le reconnaîtrait sans doute pas. J’essaie généralement de voyager léger, donc le maillot du HAC reste à la maison.
En France en revanche, je n’hésite pas à le porter, notamment dans les endroits où c’est assez mal vu (à Nice, à Marseille, à Rouen… - je suis un peu taquin…). J’étais catalogué comme LE Havrais dans mon lycée à Nice… Mais, en dehors des railleries habituelles dans la rue, ou des petits commentaires du type « C’est quoi ce maillot ? Aaah, c’est Le Havre, le club doyen ! », je ne me souviens pas d’anecdotes particulièrement remarquables qui me soient arrivées avec mon maillot.
Aujourd'hui avec un peu de recul, ton expérience te fait-elle penser qu'on ne peut supporter qu'un seul club dans sa vie, où qu'on soit, ou bien que l'éloignement peut à terme émousser la passion ?
C’est une excellente question, que je me pose souvent. Je pense effectivement que, quand on aime vraiment un club, qu’on y consacre du temps, de l’énergie, de la passion (de l’amour ?!!!), on ne peut pas en supporter un autre par ailleurs. La vraie passion est exclusive, où que l’on soit. Mais c’est comme tout : il y a des fidèles et des volages. Question foot au moins, je fais partie de la première catégorie !...
Mais je ne sais pas pour autant si « c’est pour la vie » ! Est-ce que je supporterai encore le HAC dans 20 ou 30 ans ? Mystère… L’éloignement, en particulier à l’étranger, conduit à d’autres modes de vie, d’autres centres d’intérêt. Très attiré par l’expatriation, je n’ai que très peu d’éléments qui me rattachent encore à la France, mais le HAC en fait toujours partie. Si un jour je me décide enfin à me lancer dans un gros projet à l’étranger, qui m’accapare beaucoup de temps, d’énergie, et me déconnecte vraiment de la France, le HAC y résistera-t-il ?
En fait, j’imagine plutôt un autre genre de fin, comme un livre de (belles) histoires que je déciderais un jour de refermer avant qu’il ne se gâche : si dans quelques années, le HAC devient le Havre Total-Foot Club et joue dans la Petroleum Arena en rouge et jaune, je pense que ce sera le moment de dire « stop, mon club vient de disparaître, il est temps que notre histoire s’arrête là et que je ne garde que les bons souvenirs ».